Comment vivre après un cancer du sein et rémission ?
Voilà, j'y suis ! Cela fait 11 ans, 11 ans que l'on m'a annoncé le diagnostic, le fameux verdict qui vous met en état de sidération lorsque vous entendez pour la première fois Cancer du sein de grade 3. Lorsque j'ai entendu ce diagnostic en mai 2012, figurez-vous que je me demandais déjà comment serait ma vie 11 ans après. Cette question, c'est un peu un moyen de se rassurer, de se projeter et de voir plus loin pour ne pas se laisser gagner par la peur.
Rassurez-vous, tout va bien. C'est la première chose que je tiens à dire. Maman sans notice est en forme !
Aujourd'hui, je souhaitais partager avec vous mon parcours et mes espoirs et surtout, comment j'ai appris à redéfinir ce qu'est la "vraie vie" après le cancer.
Car oui, même si cela paraît fou à dire, le cancer m'a ouvert les yeux sur ce qu'est la vraie vie.
Le Tourbillon émotionnel après les traitements
Lorsque j'ai dû suivre ce long parcours de 24 chimiothérapies, 30 rayons et deux opérations, je pense que j'ai foncé tête baissée. Je ne me suis pas vraiment posé de questions. Toutes les trois semaines, je faisais ma chimiothérapie, et c'était comme ça de toute façon.
Quand les traitements se sont terminés, je m'attendais à ressentir un immense soulagement. Et c'était le cas, mais il y avait aussi une marée d'autres émotions. L'incertitude était omniprésente : ai-je vraiment vaincu le cancer? Que se passera-t-il ensuite? Et surtout, ce dont je me rappelle, c'est ce sentiment d'abandon, comme étant jetée sans filet du haut d'une montagne. "Allez ma grande, maintenant c'est à toi de jouer" ! C'est un peu ce que j'entendais dans ma tête, comme si le centre hospitalier pouvait parler, être un être humain et me dire de me débrouiller comme une grande. Euh, là je peux vous dire que ça fait un certain choc. Pourquoi ? Parce que d'un jour à l'autre, vous vous retrouvez seule. Il n'y a plus de personnel soignant à vos côtés pour vous accompagner, vous écouter, vous rassurer. Il n'y a plus de médecins. Vous devez rebondir en un claquement de doigt, et revenir dans votre vie, presque comme si rien ne c'était passé. Mais réellement, qui peut faire ça ? Qui peut vivre "comme avant" après une telle épreuve. C'est très compliqué. Le cancer du sein est éprouvant, et marquant pour une femme. Il aspire votre féminité, il prend le contrôle et vous vous battez en duel pour qu'il lâche prise. Lorsque vous redescendez, lorsque l'on vous dit que "c'est ok", tout a pourtant bel et bien changé.
Pour ma part, je n'ai plus jamais eu le même regard sur la vie, sur la mort, sur le monde.
Cette période post-traitement a été une des plus difficiles émotionnellement. L'angoisse de la récidive, le regard des autres sur mes seins transformés, la peur de l'avenir… C'était un tourbillon constant d'émotions. Et, ce sentiment d'abandon ne m'a pas quittée durant les deux premières années de rémission.
Les contrôles tous les 6 mois
Après la fin de mes traitements, il était crucial d'instaurer une routine de suivi rigoureux pour s'assurer que la maladie ne refaisait pas surface. Tous les 6 mois, j'ai rendez-vous pour des contrôles approfondis. Ces rendez-vous sont une épée de Damoclès au-dessus de ma tête, me rappelant à chaque fois la fragilité de la vie et la réalité de ma situation. Mais ils sont aussi rassurants. Chaque contrôle passé est une victoire, un pas de plus vers la guérison. Mais la guérison, c'est quand finalement ? Quand peut-on s'estimer complètement guérie, lorsque l'on vous fait passer des contrôles tous les 6 mois et à présent tous les ans ? Je crois que mon oncologue ne s'est d'ailleurs jamais autorisé à me dire "Carole, vous êtes guérie". C'est même l'inverse. Dans la mesure où mon cancer est apparu à seulement 32 ans, je suis classée dans la catégorie "Patiente à haut risque de récidive". Je n'ai pourtant pas de mutation de gène.
BRCA1 ou BRCA2 : C'est quoi cette mutation de gène ?
Chez une femme porteuse d'une mutation du BRCA1 ou du BRCA2, le risque de développer un cancer du sein ou des ovaires au cours de sa vie est significativement augmenté par rapport à la population générale. Ces gènes, lorsqu'ils fonctionnent normalement, contribuent à protéger l'individu contre certains cancers en réparant les dommages à l'ADN. Toutefois, lorsqu'une mutation est présente, cette fonction de réparation peut être compromise, augmentant ainsi le risque de cancer. C'est une réalité que de nombreuses femmes doivent affronter, avec des décisions difficiles à prendre en matière de surveillance, de prévention et de traitement. Or, dans mon cas, je n'ai pas cette mutation génétique. Bien que cela puisse offrir un certain soulagement face aux statistiques, je me dois de vous rappeler que le cancer du sein peut toucher n'importe qui, mutation ou non. La vigilance et la prévention restent donc cruciales pour toutes les femmes.
La nouvelle vie : une perspective transformée
Après avoir affronté la mort de près, tout semblait futile. Les petits tracas du quotidien, les soucis matériels... Rien ne semblait avoir autant d'importance qu'avant. Cette confrontation m'a permis de reprioriser ma vie, de comprendre ce qui est vraiment essentiel.
L'importance de l'auto-palpation des seins est devenue l'une de mes principales missions. J'ai pris le temps d'éduquer, d'informer et de partager mon expérience, dans l'espoir que cela puisse aider ne serait-ce qu'une seule personne à détecter le cancer à un stade précoce.
La fatigue : un combat continu
Même après avoir terminé les traitements, la fatigue était (et est toujours) un combat quotidien. C'est une fatigue profonde, qui s'infiltre dans chaque fibre de votre être. Elle est bien plus qu'une simple fatigue physique ; elle est émotionnelle, mentale. C'est la marque indélébile que le cancer laisse derrière lui, à mon sens.
La vie après le diagnostic de cancer du sein est un voyage. Elle est pleine de hauts et de bas, de défis et de victoires. Mais une chose est sûre : elle m'a appris à chérir chaque moment, à embrasser la "vraie vie" avec tout ce qu'elle a à offrir. Mon combat contre le cancer du sein m'a montré ce que cela signifie vraiment de vivre.
Petite foire au questions sur la rémission après un cancer du sein et la vie tout simplement :
Peut-on vivre normalement après un cancer du sein ?
Le diagnostic d'un cancer du sein bouleverse inévitablement la vie, entraînant des interrogations sur la possibilité de retrouver une vie normale après cette épreuve. Si le combat contre cette maladie engendre des transformations physiques et émotionnelles, avec une possible redéfinition de la "normalité", il est essentiel de comprendre que la guérison passe par l'acceptation, l'adaptation et le soutien.
Que ce soit le retour à la vie professionnelle, les séquelles émotionnelles ou les changements corporels, chaque étape requiert du courage et de la persévérance. L'entourage joue un rôle précieux dans ce processus, apportant écoute et compréhension. Même si la vie post-cancer peut différer de celle d'avant, elle n'est pas dénuée d'espoirs, de bonheurs et de moments précieux, bien évidemment.
Pourrai-je avoir des enfants après un cancer du sein ?
La question de la maternité après un cancer du sein est souvent une préoccupation majeure pour de nombreuses femmes. Le traitement du cancer du sein, en particulier la chimiothérapie, peut impacter la fertilité, mais il ne rend pas systématiquement impossible une future grossesse. La décision d'avoir un enfant après ce type de cancer nécessite une réflexion approfondie et une étroite collaboration avec son oncologue et son gynécologue. Des méthodes de préservation de la fertilité sont possibles avant le traitement, et de nombreuses femmes ont pu concevoir naturellement ou grâce à des techniques de procréation médicalement assistée après leur guérison. Si le chemin vers la maternité peut être semé d'embûches après un cancer du sein, l'espoir et les possibilités demeurent.
Puis-je congeler mes ovocytes à la suite de mon cancer ?
Suite à un diagnostic de cancer, nombreuses sont les personnes qui s'interrogent sur leur capacité à avoir des enfants à l'avenir. Il est tout à fait possible de congeler ses ovocytes après un cancer, selon votre cas. Cette démarche, appelée préservation de la fertilité, est particulièrement conseillée pour celles qui envisagent une maternité future, car certains traitements anticancéreux peuvent affecter la fertilité. Il est crucial de discuter de cette option avec votre oncologue et un spécialiste en fertilité avant de commencer tout traitement. Ces professionnels pourront vous offrir des conseils avisés et vous orienter sur les meilleures procédures à adopter.
Est-ce que le cancer du sein touche la fertilité ?
Le cancer du sein peut avoir un impact sur la fertilité, principalement à cause des traitements qui sont utilisés pour le combattre. La chimiothérapie, par exemple, peut endommager les ovaires, réduisant la quantité et la qualité des ovocytes, voire conduire à une ménopause précoce dans certains cas. La radiothérapie, lorsqu'elle est appliquée à l'abdomen ou au pelvis, peut également affecter la fertilité. Il est donc essentiel pour les femmes en âge de procréer et qui envisagent une future maternité de discuter des risques et des solutions possibles, comme la congélation d'ovocytes, avec leur oncologue et un spécialiste en fertilité avant de commencer les traitements.
Peut-on travailler normalement après un cancer du sein et ses lourds traitements ?
Après un diagnostic de cancer du sein et les traitements associés, la reprise d'une activité professionnelle peut représenter un défi, mais elle est possible pour de nombreuses femmes. Tout dépend de votre cas et de ce que vous ressentez. Les effets secondaires des traitements, comme la fatigue, les troubles cognitifs ou encore les douleurs, peuvent influencer la capacité à retrouver un rythme de travail normal. Toutefois, avec le soutien adéquat, des aménagements de poste ou des horaires ajustés, beaucoup de femmes parviennent à réintégrer le monde professionnel. Il est essentiel de communiquer avec son employeur et son équipe médicale pour définir les meilleures stratégies de reprise et s'assurer d'un retour au travail en douceur et adapté à sa situation.
Puis-je me tourner vers une association pour être soutenue ?
Après un diagnostic de cancer du sein, se tourner vers une association peut être une démarche précieuse pour bénéficier d'un soutien émotionnel, psychologique et parfois même financier. De nombreuses associations se consacrent à l'accompagnement des patients atteints de cancer et de leurs proches, proposant des services tels que des groupes de parole, des ateliers thérapeutiques ou des conseils pratiques. Adhérer à une association permet non seulement de se sentir moins isolé face à la maladie, mais aussi d'échanger avec des personnes ayant vécu des expériences similaires. A Nice, il y a l'association SOS Cancer du sein qui oeuvre toute l'année pour rendre la vie des malades plus douce.
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