Grossesse, cancer du sein et préservation ovocytaire, mon témoignage chez Elle par maman sans notice
« J’ai eu un bébé quatre ans après mon cancer du sein et la congélation de mes ovocytes ! »
Carole a 32 ans quand on lui diagnostique un cancer du sein de grade 3 en mai 2012. Cette habitante de Nice nous a écrit car elle a vécu une histoire peu banale. Elle a pu avoir eu un deuxième enfant après avoir fait congeler ses ovocytes, dès qu’elle a appris qu’elle avait un cancer et juste avant d’attaquer le traitement qui allait lui sauver la vie. Clara est née en janvier 2017. Une revanche sur la maladie. Découvrez le témoignage plein d’espoir de Carole.
« En mai 2012, j'avais 32 ans et un enfant de 4 ans et demi. J'avais une sensation de gêne dans le sein droit. Une boule qui, au toucher, me semblait vraiment grosse. Deux ans auparavant, j'avais fait une échographie qui s'était révélée normale : « Rentrez chez vous, tout va bien ». A ce moment-là, vous vous dites : « Ok, j'ai flippé pour rien, c'est juste un kyste". Puis, le temps a passé et un jour, je ressens fortement une gêne, surtout en étant allongée sur le ventre. Au toucher, cette "boule" a, semble-t-il, pris de l’ampleur et je panique en réalisant qu’elle a bien grossi. Je décide alors de prendre rendez-vous pour une échographie, persuadée que cette fois, c'est grave. Ce jour-là, la radiologue entame l'échographie, poursuit avec la mammographie et me parle de biopsie car ce qu'elle voit à l'image ne semble pas bon. Je lui demande alors de me dire la vérité. Elle semble prendre son courage à deux mains et me dit "ça m'a tout l'air d'un cancer, Madame". Elle avait ce regard qui veut dire "mince, comment vais-je lui annoncer cela, la pauvre".
La douche froide, vous connaissez cette expression ? Et bien elle prend tout son sens dans un moment pareil. D'ailleurs, j'ai vu tout blanc et je me suis sentie mal. Après la biopsie, une attente insoutenable avant d’obtenir les résultats. Puis, il y a ce coup de fil où l'on vous dit de venir à la clinique car vos résultats sont arrivés et que l'on ne communique rien par téléphone. Je me suis donc rendue à la clinique avec ma mère. Le verdict est tombé : cancer du sein de grade 3. Ce fut un tel choc que l'on a eu un énorme fou rire nerveux avec ma mère. C'était notre manière d'évacuer, je pense.
« JE DÉSIRAIS UN AUTRE ENFANT ET SURTOUT, ÊTRE HEUREUSE EN FAMILLE. »
La congélation des ovocytes ? Je ne savais absolument pas que cela existait. On m’en a parlé au moment où l'on m'annonçait le protocole et les opérations que j'allais subir. On m'a expliqué qu'avec les traitements, j'allais avoir une interruption de règles et peut-être des chamboulements sur ma fertilité. Il était donc plus prudent de la préserver. Car, à 32 ans, j'étais jeune et j'avais tout l'avenir devant moi. Je désirais un autre enfant et surtout, être heureuse en famille. J'ai fait des piqures de stimulation et le prélèvement d'ovocytes a eu lieu la même semaine que la pose du cathéter pour la chimiothérapie. Dans ces cas-là, vous ne réfléchissez pas, vous suivez les consignes mais ça reste confus dans votre esprit. Vous faites ce qu’il faut faire et c’est tout. Au total, on a pu préserver six ovocytes.
« J’AI APPRIVOISÉ MA POITRINE VERSION LAUREL ET HARDY. »
Le plus gros choc ? Se dire que c'est la maladie qui, dans un sens, choisit pour vous. On va vous enlever une partie du sein, vous n'aurez plus vos règles, ni vos cheveux, ni vos cils que vous preniez bien soin de maquiller tous les jours, et votre peau va se transformer. Où se trouve la féminité à ce moment-là ? Difficile de le dire. On m’a retiré une partie du sein droit mais le travail qui a été réalisé par le Docteur Bernard Flipo au Centre Antoine Lacassagne à Nice a été formidable. Il m’a permis de conserver mon sein, il était plus petit, mais très bien reconstruit. Il a ensuite fallu attendre un an pour pouvoir « réajuster » le sein gauche car entre temps, j’avais mes séances de rayons. Durant cette année, j’ai apprivoisé ma poitrine version Laurel et Hardy. Je m’y suis habituée, c’était, on va dire, "original". Mais lorsque le Dr Flipo m’a opérée du sein gauche, j’avoue que j’étais soulagée. Cet équilibre était nécessaire, ça devenait quelque peu compliqué de gérer deux tailles de seins sur un même corps !
« CETTE DATE NE SERA PLUS JAMAIS UN MAUVAIS SOUVENIR, MAIS LE SYMBOLE D'UNE RENAISSANCE. »
Une fois tous les traitements et opérations terminés, j’ai pu utiliser mes six ovocytes congelés en 2016. Ma gynécologue, le Docteur Galand-Portier, spécialiste de la fertilité, m’a expliqué que nous allions d’abord utiliser trois ovocytes. Sur les trois, un seul a donné lieu à un embryon. Cet embryon m’a ensuite été déposé mais il n’a pas tenu. A ce moment-là, j’ai paniqué car il ne me restait que trois ovocytes. Heureusement, nous avons eu le bonheur d’avoir un embryon qui a tenu. Cela a été un moment à la fois euphorique et douloureux, cette période de surveillance où vous avez peur de tout. Vous ne bougez pas trop, vous priez pour que l’embryon tienne, vous priez de toutes vos forces avec amis et famille, vous lui parlez.
Il fallait que j’attende pour faire une prise de sang. Mais, il y a eu ce jour où, ne pouvant plus attendre, je suis allée acheter avec ma sœur un test de grossesse vendu en pharmacie. Ce fameux test clearblue dont je rêvais, le Graal ! Le test urinaire était positif, et, y croyant à peine, je suis retournée le montrer à la pharmacienne qui m’a confirmé que je ne rêvais pas. Cela a été un moment incroyable. Il faut savoir que j'ai appris que j'étais enceinte le 21 mai 2016. Quatre ans auparavant exactement, le 21 mai 2012, j’apprenais ma maladie. C'était complètement incroyable, comme un signe du destin qui me disait, "voilà, Carole, cette date ne sera plus jamais un mauvais souvenir, bien au contraire, mais le symbole d'une renaissance".
Peut-on parler de miracle ou de chance ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, je veux absolument que les femmes qui traversent ce genre d’épreuve, sachent que oui, c’est possible, que la médecine nous aide à préserver notre fécondité et qu’il ne faut pas hésiter à en parler.
Clara est née le 17 janvier 2017. J'étais submergée d'émotions. Car, lorsque vous êtes enceinte suite à une telle maladie, il faut un certain temps pour le réaliser. J'ai accouché en quelques minutes et je n'ai donc pas eu le temps d'avoir une péridurale : j'ai profondément senti la naissance de ma fille, l'accouchement vers une nouvelle vie. Ma petite "vengeance" sur la maladie a été d'allaiter quelque temps ma fille avec mon sein gauche qui, lui, était apte à produire du lait. Le sein droit, lui, il ne servait qu'à faire le beau !
Je témoigne dès que je le peux afin de diffuser l'espoir autour de moi, pour toutes celles qui souffrent, qui sont peut-être très jeunes et qui ont peur d'être stériles. Il y a des possibilités et il faut le savoir. Je pense qu'Octobre Rose est fait pour ça et qu'il faut saisir la moindre occasion de partager son expérience car si une seule femme ressent de l'espoir en lisant mon témoignage, alors, c'est gagné ! Il ne faut pas renoncer, il y a des possibilités et je pense d’ailleurs qu’il faudrait réellement que la GPA soit autorisée en France. Il y a tellement de cas où malheureusement, la naissance d’un enfant n’est pas possible. J’ai beaucoup de compassion pour les personnes qui traversent des difficultés pour avoir un bébé.
L’espoir est notre fil conducteur. Il faut y croire. Il faut aussi, avant tout, prendre soin de sa santé et ne pas hésiter à se faire dépister pour ne pas laisser une petite boule prendre le melon ! Octobre Rose, c’est aussi rappeler l’importance du dépistage et celle de connaitre son corps. Car, la première personne qui peut nous sauver finalement, c’est nous-mêmes. Et n’oubliez pas, c’est la vie qui gagne ! »
Publié le 17 octobre 2018 à 16h09
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